L’Institut de la statistique du Québec (ISQ) a publié, le 27 octobre, son Panorama des régions du Québec 2025, accompagné d’un Coup d’œil régional consacré à l’Abitibi-Témiscamingue. Alors que la plupart des régions du Québec connaissent un ralentissement économique, celle-ci se démarque par une progression soutenue de son produit intérieur brut, une situation de plein emploi relativement stable et une croissance démographique modérée, mais continue.
Une économie portée par l’industrie minière
En 2023, la croissance du PIB a ralenti dans la vaste majorité des régions, mais l’Abitibi-Témiscamingue fait exception avec la Côte-Nord et le Nord-du-Québec. L’ISQ souligne que ces territoires ont enregistré les plus fortes hausses du Québec, principalement grâce à la vigueur du secteur minier, moteur économique de la région. L’exploitation aurifère, les projets liés aux métaux critiques et stratégiques ainsi que les activités d’exploration continuent d’y soutenir l’investissement privé et l’emploi.
Selon les plus récents indicateurs régionaux, la valeur ajoutée de la filière minière reste déterminante : elle compense le ralentissement observé dans d’autres branches, notamment la construction résidentielle et le commerce. L’économie demeure toutefois vulnérable aux cycles des prix des métaux et à la concentration de ses activités dans un nombre restreint de pôles urbains.
Un marché du travail stable et favorable
Entre 2019 et 2024, le taux d’emploi des 15 à 64 ans a progressé de 3,9 %, alors que le taux de chômage a reculé de 1,3 point de pourcentage. Dans un contexte provincial marqué par la stagnation de l’emploi, l’Abitibi-Témiscamingue figure parmi les rares régions où le chômage diminue.
Le Coup d’œil régional précise que le marché du travail local reste porté par la demande dans les mines, la foresterie, la santé et les services publics. La proportion de personnes actives demeure élevée, tout comme la part de travailleurs occupant un emploi à temps plein. Cette stabilité s’explique aussi par la rareté de main-d’œuvre : plusieurs MRC peinent à pourvoir des postes spécialisés, en particulier dans les secteurs industriels et techniques.
Revenu médian en léger recul
Le revenu médian après impôt des familles composées d’un couple atteint environ 100 000 $, ce qui situe la région parmi les plus favorisées du Québec. Seuls le Nord-du-Québec, la Capitale-Nationale, l’Outaouais et la Côte-Nord affichent des niveaux supérieurs.
Chez les familles monoparentales, le revenu médian s’élève à 62 090 $ en 2023, en baisse réelle de 1,9 % par rapport à 2022, mais en hausse de 4,7 % depuis 2019. Cette stabilité relative s’observe malgré la pression inflationniste et la hausse du coût du logement. L’écart entre les deux types de familles reste important : le revenu des monoparentales représente environ 62 % de celui des couples, une proportion comparable à la moyenne provinciale.
Dans la plupart des MRC de la région, les niveaux de revenu demeurent toutefois supérieurs à ceux observés dans les zones rurales éloignées du Québec, ce qui reflète l’effet stabilisateur des activités minières et industrielles autour des centres urbains comme Val-d’Or, Rouyn-Noranda et Amos.

Une démographie en croissance
Au 1ᵉʳ juillet 2024, l’Abitibi-Témiscamingue compte 149 637 habitants, soit une croissance annuelle de 7,2 %, parmi les plus fortes enregistrées depuis le milieu des années 1980. La population régionale représente environ 1,7 % de celle du Québec.
L’âge moyen atteint 43,2 ans : 22,5 % des habitants ont 65 ans ou plus, tandis que 21,7 % ont moins de 20 ans. Ce vieillissement progressif traduit le maintien d’un solde migratoire positif, mais fragile, notamment lié à la mobilité des travailleurs du secteur minier et à la difficulté d’attirer durablement de jeunes familles. La natalité reste stable, légèrement supérieure à la moyenne québécoise, mais ne suffit pas à contrebalancer le départ de certains jeunes adultes vers les grands centres.
Conditions de vie et logement
Selon l’ISQ, la valeur moyenne des résidences unifamiliales demeure inférieure à la moyenne provinciale, ce qui contribue à préserver l’accessibilité au logement, mais masque d’importants écarts entre les centres urbains et les localités périphériques. Les taux de faible revenu restent comparables à ceux du reste du Québec, bien que les familles monoparentales demeurent plus vulnérables aux hausses de prix et aux coûts énergétiques.
Les indicateurs de santé et d’éducation montrent une situation relativement stable : l’espérance de vie et la diplomation au secondaire se situent légèrement sous la moyenne québécoise, tandis que la fréquentation collégiale et universitaire progresse.
Le Nord-du-Québec : croissance forte
Le Nord-du-Québec partage avec l’Abitibi-Témiscamingue une forte croissance du PIB, alimentée par les projets miniers et énergétiques. Son revenu médian pour les familles avec couple atteint 114 870 $, le plus élevé de la province. En revanche, les familles monoparentales y affichent le plus faible revenu médian (52 610 $).
La région enregistre également une hausse du chômage entre 2023 et 2024. Elle se caractérise par une population très jeune – 34 % de moins de 20 ans, âge moyen de 33 ans – et par des écarts marqués entre les communautés nordiques et les centres administratifs.
Un portrait de contrastes
Le Panorama 2025 confirme la dualité du développement territorial : l’Abitibi-Témiscamingue affiche une vitalité économique enviable, mais elle demeure confrontée à la rareté de main-d’œuvre, au vieillissement démographique et à la dépendance persistante de son économie aux ressources naturelles.
Pour l’Institut de la statistique du Québec, ces constats soulignent la nécessité d’un suivi attentif des disparités régionales : la croissance minière soutient l’emploi et les revenus, mais sa concentration dans un petit nombre d’activités expose la région à d’importantes fluctuations conjoncturelles.