Le débat municipal tenu le mardi 21 octobre au Théâtre Télébec de Val-d’Or a mis en lumière des visions contrastées entre Benjamin Turcotte, Serge Allard et Richard Boutin sur les grands enjeux de société, d’économie et de gouvernance. Les échanges ont parfois pris un ton frontal.
Trois blocs thématiques structuraient la soirée : société, économie et gouvernance.

Les trois candidats
Enseignant en littérature au cégep et conseiller municipal depuis 2021, Benjamin Turcotte dispose d’expérience parmi les trois aspirants. Comptable de formation, Serge Allard a quant à lui exercé ce métier pendant 30 ans.

Richard Boutin, qui se décrit comme un homme d’affaires pragmatique, reconnaît un manque d’expérience politique, mais estime qu’il faut « gérer une ville comme une entreprise : ne pas dépenser pour rien, seulement ce qui est nécessaire ».

Société : itinérance et logement
Sur les enjeux sociaux, Serge Allard a proposé la création d’un centre de jour pour les personnes en situation d’itinérance, une idée inspirée d’échanges avec la Sûreté du Québec et des organismes communautaires comme La Piaule.

« Le centre de jour offre seulement deux heures par jour à La Piaule. Chez Willie, c’est plus pour la toxicomanie. Ça prend un centre de jour à l’extérieur du centre-ville. La Piaule accueille les gens le soir, mais il faut un lieu pour passer la journée, avec des services, un centre de supervision de consommation d’alcool », a-t-il expliqué.

Benjamin Turcotte a réagi en soulignant qu’une « ville ne se gère pas comme une entreprise », lançant ainsi une pointe à son adversaire Boutin. Il a rappelé l’importance de bien connaître la Loi sur les municipalités : « Ça prend une personne qui est efficace dès le jour 1 et qui connaît les dossiers. »

Sur la question du logement, Serge Allard a dénoncé « la vague de construction de logements non abordables » et souligné qu’« on a du mal à garder les travailleurs en fly-in fly-out ».

Benjamin Turcotte a mis de l’avant « le fonds pour le logement social qu’on doit engager. Il faut aider les constructeurs à construire et les subventionner ». Richard Boutin a pour sa part suggéré que la Ville exempte de taxes un constructeur qui bâtirait « des logements à prix modique pendant deux ans ».

Économie : centre-ville et secteur minier
Sur la vitalité du centre-ville, les candidats ont divergé. Richard Boutin estime qu’il n’y a pas assez de caméras et interpelle Benjamin Turcotte sur « les interventions municipales mal dirigées », citant l’état des rues. Monsieur Turcotte a défendu une politique de tolérance zéro sur la consommation d’alcool et souhaite fermer la scène du parc Albert-Dumais, « point chaud de Val-d’Or ».

Serge Allard a proposé de relocaliser les personnes itinérantes dans un lieu adapté et de redynamiser le centre-ville avec des jeunes, des commerces et des activités récréatives comme le billard ou la danse. Pour y parvenir, il veut encourager et soutenir les entrepreneurs. Monsieur Boutin croit pour sa part que « la situation va se replacer d’elle-même à la minute où la sécurité sera rétablie au centre-ville ».

Concernant le secteur minier, Serge Allard estime que « ça va tellement bien, mais on n’en récupère pas les fruits à cause de la redevance ». Benjamin Turcotte considère que « l’on profite présentement d’un boom économique faramineux avec le prix de l’or », mais qu’il faut « prévoir le futur » : « Ce qui est important après l’exploitation des ressources naturelles, c’est l’innovation. Il faut appuyer les entreprises dans ce sens-là. »
Richard Boutin appuie cette idée et souhaite consulter davantage les professionnels des secteurs forestier et minier, « car ils ont les deux pieds dedans ».

Attaque directe
La tension est montée lorsque Serge Allard a attaqué Benjamin Turcotte sur le bilan du conseil municipal. Turcotte a rappelé le lien étroit entre les enjeux de logement et de main-d’œuvre, plaidant pour de longs congés de taxes pour les bâtisseurs et le don de terrains.
Offensif, Allard a lancé un « Pourquoi ne l’avoir pas fait pendant quatre ans? » Turcotte répond : « On a construit 663 portes. » Sceptique, l'ancien comptable rétorque : « Ce n’est pas vous qui les avez construites. » Sidéré, Turcotte a simplement lâché un « franchement »…

Gouvernance : règlements
Richard Boutin réclame « plus de transparence ». Benjamin Turcotte souhaite modifier la réglementation municipale sur le stationnement de nuit — interdit surtout l’hiver — afin de favoriser la densification du centre-ville par de nouveaux logements. Serge Allard, pour sa part, prône une plus grande flexibilité dans les règlements municipaux, notamment en matière de zonage et d’urbanisme.