La Coalition Québec meilleure mine, qui regroupe plus de 40 organisations représentant quelque 250 000 personnes à travers la province, a vivement critiqué, le 19 septembre à Val-d’Or, la tournée régionale du premier ministre François Legault en Abitibi-Témiscamingue. L’organisme reproche au chef du gouvernement d’adopter une approche qualifiée de « bulldozer » en multipliant les annonces aux côtés de sociétés minières, sans véritablement consulter les citoyens touchés ni les communautés autochtones.
Attribution d’un bloc énergétique en cause
La Coalition estime que l’octroi d’un bloc énergétique à Agnico Eagle est une erreur. Elle souligne que l’or, utilisé à 92 % pour la fabrication de lingots et de bijoux, ne justifie pas, sur le plan environnemental, de recourir à l’électricité d’Hydro-Québec.
Sur le plan économique, l’organisme plaide pour une diversification afin de réduire la dépendance à l’industrie aurifère, vulnérable aux fluctuations du prix de l’or, et favoriser d’autres secteurs comme l’agriculture ou la foresterie.
Fonderie Horne : un message jugé inquiétant
Les déclarations de François Legault au sujet de la Fonderie Horne n’ont pas rassuré la Coalition. Elle demande que Québec fasse preuve d’intransigeance envers Glencore et impose l’atteinte de la cible actuelle de 15 nanogrammes par mètre cube d’arsenic d’ici 2027, puis l’application de la norme nationale dès la prochaine autorisation ministérielle.
Des inquiétudes autour de Dumont Nickel et Sayona Mining
La Coalition Québec meilleure mine s’interroge aussi sur la rencontre prévue à Amos entre le premier ministre et une entreprise de minéraux critiques, probablement Dumont Nickel ou Sayona Mining. Dans les deux cas, les sociétés sont contrôlées par des intérêts extérieurs au Québec.
Pour Dumont Nickel, l’organisme rappelle que le projet, dix ans après le rapport du BAPE, n’a pas actualisé son étude d’impact. Il s’agirait, selon elle, de l’une des plus grandes fosses à ciel ouvert jamais envisagées au Canada, avec une excavation de 2,5 milliards de tonnes de matériel, dont 99,95 % seraient des résidus miniers.
Plus de 47 km² de territoire seraient affectés. À pleine capacité, le projet rejetterait jusqu’à 400 tonnes de contaminants atmosphériques par jour et consommerait entre 82,5 et 165 millions de litres d’eau quotidiennement, en rejetant jusqu’à 80 millions de litres d’effluents contaminés dans la rivière Villemontel.
Concernant Sayona Mining, la Coalition évoque à la fois les risques pour la qualité de l’eau des eskers et la fragilité financière de l’entreprise, qu’elle considère comme un argument suffisant pour écarter tout soutien énergétique ou financier supplémentaire.
Mise en garde contre l’assouplissement des permis miniers
La Coalition s’oppose fermement à la volonté affichée par François Legault et par le nouveau ministre de l’Environnement, Bernard Drainville, d’accélérer l’octroi de permis aux compagnies minières.
Elle craint que cette approche se fasse au détriment de la protection de l’environnement et des droits des peuples autochtones. L’organisme a d’ailleurs transmis au gouvernement, il y a un mois, un mémoire demandant un changement de cap.
Selon lui, l’assujettissement des projets miniers aux évaluations environnementales fait consensus au Québec. Accélérer leur traitement risquerait de multiplier les impacts négatifs sur l’environnement, la santé et la sécurité des travailleurs, tout en fragilisant la rentabilité des exploitations.
La Coalition juge préférable de renforcer la réglementation afin d’écarter en amont les projets voués à l’échec, comme celui de Horne 5 à Rouyn-Noranda, qui contrevient à des normes de santé publique.